Le nouvel Institut Bordet, tout bénéfice pour les patients

Cat. : New Bordet

2021 : une année à marquer d’une pierre blanche dans la recherche et le traitement contre le cancer. Avec le déménagement de l’Institut Jules Bordet dans un bâtiment flambant neuf sur le campus d’Anderlecht fin novembre, à côté de l’Hôpital Erasme et de la Faculté de Médecine, notre pays se dote d’un centre de lutte contre le cancer hors normes.

Par François Daubresse, extrait de l'édition spéciale du magazine Paris Match (octobre 2021). 

Un vaste projet qui ne date pas d’hier, puisqu’il aura fallu près de 15 ans pour le mener à bien. Au coeur de cet ouvrage titanesque se cache une femme d’exception, le Dr Dominique de Valeriola, Directrice Générale Médicale de l’Institut Bordet. Depuis 2005, elle travaille d’arrache-pied avec ses équipes et ses partenaires pour offrir à la Belgique et aux patients ce qui se fait de mieux.

 

Une architecture pensée pour le confort des patients et du personnel

« Le plus impressionnant », explique le Dr de Valeriola, « sera le changement d’échelle. Nous passerons de 35.000 m2 dans le bâtiment actuel à 80.000 m2, de 160 à 250 lits, sans compter 43 places d’hôpital de jour oncologique contre 20 aujourd’hui. Nous passons également de 5 à 8 salles d’opération, entièrement digitalisées.»

« Toute l’architecture a été pensée sur base des besoins des patients et de leurs proches ainsi que du personnel soignant. Les architectes - le consortium Brunet Saunier -Archi2000- TPF - ont très vite intégré notre volonté d’agencer les lieux dans une logique de proximité pour tous et proposé un bâtiment compact permettant de limiter les pas des patients mais aussi du personnel.

Le nouveau bâtiment a ainsi été pensé en fonction des trajets de soins, que ce soit en ambulatoire ou en hospitalisation. Nous les avons voulus simples et fluides. Les flux dans le bâtiment ont par exemple été scindés pour éviter que les malades ambulatoires et les visiteurs ne croisent les patients hospitalisés devant être conduits en salle d’opération ou à un examen. Les unités d’hématologie lourde sont quant à elles toutes proches des soins intensifs pour éviter que les patients dont l’immunité est très réduite doivent faire de longs trajets dans des couloirs. Côté professionnels de soin, tout a été fait pour réduire au maximum leurs déplacements tout en stimulant au maximum la multidisciplinarité des soins et les interactions entre cliniciens et chercheurs. »

 

Une humanisation des soins aux patients

Autre particularité du nouvel hôpital, le confort des patients. « L’humanisation des soins occupe une place centrale », poursuit le Dr de Valeriola. «De nombreuses chambres - parmi lesquelles près de la majorité des chambres sont à un lit - donnent sur la campagne environnante. Certaines chambres individuelles intègrent un divan-lit pour un éventuel accompagnant. Chaque lit dispose par ailleurs d’un système multimédia intégré pour appeler, surfer sur internet, écouter de la musique ou regarder la télévision. On ne voit cela dans aucun hôpital ! Une multitude de petits salons tout confort permettront aux patients hospitalisés de partager un moment de convivialité avec leurs proches en dehors de leur chambre. Dans la rue intérieure principale de l’hôpital, au rez-de-chaussée, se trouvent un centre d’éducation à la santé - où les malades trouveront tous les informations relatives à leur maladie -, un espace lounge pour se détendre entre deux examens, un espace enfants ou encore un salon esthétique pour l’image de soi. »

Ce qui frappe aussi dans le nouveau bâtiment, c’est l’omniprésence de la lumière et ce grâce à 6 puits de lumière qui le traversent. « Oui, la lumière est vraiment partout ! Dans les chambres des patients bien sûr mais jusqu’en radiothérapie -à l’exception des bunkers- et dans les salles d’opération, ce qui est extrêmement rare mais améliore considérablement les conditions de travail des soignants. », poursuit le Dr de Valeriola.

 

Des technologies de pointe pour les diagnostics & les traitements 

Le bâtiment sera bien sûr aussi équipé des technologies les plus avancées. « LeService de Radiothérapie sera équipé d’un nouvel accélérateur linéaire avec résonance magnétique (IRM) intégrée que peu de centres possèdent en Europe. Nous disposerons également d’une IRM de simulation destinée à programmer les traitements sur cet accélérateur ainsi que de deux IRM pour le diagnostic et deux PET-CT -dont un financé par « Les Amis » et exclusivement dédié aux activités de recherche clinique.

Au -1 du bâtiment, un tout nouveau service médico-technique intègrera toutes les techniques diagnostiques et thérapeutiques permises grâce aux radiations - radiothérapie, médecine nucléaire, radiologie -, dont une plate-forme radiothéranostique unique en Belgique. »

« La préparation des nouveaux médicaments anticancéreux ne sera pas en reste. Le département d’oncopharmacie a été totalement repensé et rééquipé, avec une toute nouvelle infrastructure aux normes actuelles les plus strictes. Un outil essentiel aux oncologues médicaux pour offrir à leurs patients les traitements les plus innovants. Sans oublier une Unité de Thérapie Cellulaire Hématologique permettant notamment de préparer les cellules souches qui seront réinjectées aux malades afin de restaurer leur moelle osseuse après les traitements de chimiothérapie intensive », explique le Dr de Valeriola.

 

Un centre de recherche intégré au coeur de l'hôpital

« Un centre compact, intégré et multidisciplinaire où chercheurs, médecins et personnel paramédical pourront travailler ensemble dans un seul et même objectif : la lutte contre le cancer. Les bureaux des médecins, infirmiers et paramédicaux seront regroupés sur un même plateau, entre les consultations ambulatoires et les unités d’hospitalisation, avec des salles de réunions pour la concertation au quotidien. Cela facilite les échanges jusque dans l’ascenseur ou devant la machine à café. »

« Contrairement au bâtiment de la Porte de Hal, tous les laboratoires de recherche seront concentrés sur un même étage de 10.000 m2 », ajoute le Dr de Valeriola, « Les chercheurs pourront ainsi mieux partager les mêmes outils, échanger leurs idées et leurs découvertes, concevoir de nouveaux projets… Bref, ce sera un formidable outil d’émulation qui, de plus, sera situé au coeur même des soins aux patients afin que les résultats des recherches puissent être appliqués le plus vite possible dans les soins aux patients. Ce fabuleux projet est aussi destiné à attirer les cerveaux venus d’ailleurs. Ainsi, le Professeur Etienne Meylan venu de Lausanne, nous a déjà rejoints avec son laboratoire d’immunologie. Nous accueillerons aussi une antenne du laboratoire d’épigénétique du Professeur François Fuks de l’ULB qui travaille sur le mécanisme des cellules cancéreuses migrantes (métastases). »

 

L'insertion dans un large pôle médical & hospitalier

Par ce déménagement, l’Institut Bordet a en effet rejoint l’important campus universitaire de l’Université Libre de Bruxelles. Il se situera au coeur de son pôle santé constitué de l’Institut Bordet, de l’Hôpital  Erasme, des Facultés de Médecine, des Sciences de la Motricité et prochainement de Pharmacie ainsi que de la Haute Ecole d’Infirmiers Ilya Prigogine et l’Ecole de Santé Publique.

« Nous nous trouverons donc dans un nouvel environnement extrêmement motivant, source de nombreux projets », explique le Dr de Valeriola. « De plus, l’Institut Bordet rejoint un nouveau réseau hospitalier académique. Le nouvel Hôpital Universitaire de Bruxelles (HUB) unira l’hôpital académique général qu’est l’Hôpital Erasme, l’Hôpital des Enfants Reine Fabiola spécialisé dans la prise en charge des enfants et l’Institut Jules Bordet pour celle des patients atteints de cancer. L’objectif est de mettre en place un projet médical commun renforçant le potentiel de prise en charge des malades tout en préservant les missions spécifiques de chacun. Ainsi, les équipes oncologiques d’hématologie, de pathologie digestive et d’urologie de Bordet et d’Erasme seront réunies dans le nouveau bâtiment. Et nous sommes très heureux que de nouveaux jeunes médecins et professionnels de soins enthousiastes nous rejoignent pour partager nos missions.»

« Ce fantastique projet a été grandement facilité par l’indéfectible soutien des ‘Amis de l’Institut Bordet’ », conclut le Dr de Valeriola. «En un demi-siècle, ils nous ont apporté plus de 100 millions d’euros, nous permettant de lancer des milliers de projets innovants. Ils libèrent aujourd’hui une somme inestimable de 18 millions d’euros pour financer l’équipement de nos nouveaux laboratoires de recherche ainsi qu’une partie des appareillages dernier cri au service des patients. Nous ne pouvons que les en remercier car c’est en avançant ensemble dans ces mêmes objectifs que nous ferons reculer le cancer. »

Le nouvel Institut Jules Bordet, avec sa capacité hospitalière considérablement augmentée, ses appareillages innovants, ses laboratoires de recherche au chevet du patient, ses nouveaux cerveaux, sa nouvelle situation au coeur du campus universitaire de l’ULB et son attention particulière à l’humanisation des soins, a tout d’un des plus beaux et brillants centres oncologiques du monde. Ici, au coeur de notre pays.